Impacts du changement climatique sur la population de chauves-souris de Madagascar

Impacts du changement climatique sur la population de chauves-souris de Madagascar

Auteur: Lomeris Todilahy

Madagascar est classé parmi les principaux centres de biodiversité de la planète. La Grande île est l’un des points chauds ou « hotspot » de la biodiversité mondiale basée sur la richesse floristique et faunistique, avec un niveau d’endémisme très élevé. D’abord pour les plantes, environ 11262 espèces de plantes vasculaires ont été inventoriées avec un taux d’endémisme de 82% (Callmander et al., 2011 ; Lowry et al., 2018). Ensuite pour le cas des vertébrés, les taux d’endémismes ont été estimés environs de 41% chez les oiseaux (Safford et Hawkins, 2013), de 92% chez les reptiles (Vences et al., 2009) et de 99% chez les amphibiens (Vences et Raselimanana, 2018).

Par définition, les « hotspot » sont menacés par la perte d’habitat (Küper et al., 2004). Malheureusement, les forêts naturelles subissent une dégradation incessante causée par les feux de brousse, les défrichements liés aux cultures sur brûlis (tavy), la production de charbon de bois et l’exploitation illégale de bois à des fins différentes. Comme toute la flore et la faune à Madagascar, les chauves-souris sont perturbées par la destruction de leur habitat naturel (Russo et Ancillotto, 2015). Les chauves-souris sont des mammifères volants, à sang chaud et actives pendant la nuit. La plupart utilisent un système d’écholocation lors de son déplacement à la recherche de nourriture (Taylor, 2000 ; Altringham, 2001). Le régime alimentaire de chauves-souris est majoritairement composé d’insectes, de fruits et de nectars. D’une part, les chauves-souris frugivores et nectarivores de la famille des Pteropodidae participent à la dissémination des graines (Bollen et van Elsacker, 2002) et aussi à la pollinisation des fleurs (Raheriarisena, 2005 ; Andriafidison et al., 2006). Elles jouent un rôle important dans la régénération forestière. D’autre part, certaines de plusieurs familles différentes sont insectivores et se nourrissent des arthropodes. De plus, elles assurent la lutte contre les insectes nuisibles à l’agriculture (Kunz et al., 2011 ; Boyles et al., 2013 ; Puig-Montserrat et al., 2015) et les insectes responsables de la transmission de certaines maladies chez les êtres humains (Reiskind et Wund, 2009), par exemple le paludisme. Elles jouent un rôle très important au sein de la chaîne trophique comme le potentiel régulateur de certaines populations d’insectes nuisibles à l’agriculture (Kemp et al., 2019).

Beaucoup d’espèces de chauves-souris utilisent comme gîte diurne les creux des arbres, les grottes et les façades des falaises dans le milieu naturel. Les défrichements liés aux cultures sur brûlis (tavy) et la conversion de paysages naturels en zones d’agriculture provoquent le changement d’habitat (López-Baucells et al., 2017). L’expansion agricole affecte certaines espèces de chauves-souris, mais un nombre limité de groupe d’espèces s’adapte et tire profit des nouvelles ressources de ce changement en chassant les insectes nuisibles aux cultures (Kemp et al., 2019). Un certain nombre d’espèces, trouve refuge dans des constructions humaines comme gîte diurne telles que les plafonds des bâtiments, des écoles ou des bureaux et sous les ponts (Jung et Threlfall, 2015 ; Russo et Ancillotto, 2015).

Figure 1 : Bâtiment Ivoloina Training Conservation Center, Toamasina ( Lomeris Todilahy, 2020)

Le changement climatique constitue une menace sur les chauves-souris à Madagascar en perturbant leur habitat et la disponibilité de leur ressource. Les chauves-souris jouent un rôle crucial majeur pour le maintien en équilibre de l’écosystème. Leur présence contribue à la régulation des chaînes alimentaires. Elles participent aussi à la dispersion des graines elle contrôle de population d’insectes nuisibles.

Figure 2 : Sous colonies de chauves-souris entre le toit et le plafond  du bâtiment, (Lomeris Todilahy, 2020)

Bibliographies

Altringham, J. D. 2001. Bats-biology and behaviour. Oxford University Press, Oxford.

Andriafidison, D., Andrianaivoarivelo, R. A., Ramilijaona, O. R., Razanahoera, M. R., MacKinnon, J., Jenkins, R. K. B. & Racey, P. A. 2006. Nectarivory by endemic Malagasy fruit bats in the dry season. Biotropica, 38: 85-90.

Bollen, A. & van Elsacker, E. 2002. Feeding ecology of Pteropus rufus (Pteropodidae) in the littoral forest of Sainte Luce, SE Madagascar. Acta Chiropterologica, 4: 33-47.

Boyles, J. G., Sole, C. L., Cryan, P. M. & McCracken, G. F. 2013. On estimating the economic value of insectivorous bats: Prospects and priorities for biologists. In: Bat 42 evolution, ecology, and conservation, eds. R. A. Adams & S. C. Pedersen, pp. 501- 515. Springer, New York.

Callmander, M. W., Phillipson, P. B., Schatz, G. E., Andriambololonera, S., Rabarimanarivo, M., Rakotonirina, N., Raharimanampinoana, J., Chatelain, C., Gautier, L. & Lowry II, P. P. 2011. The endemic and non-endemic vascular flora of Madagascar updated. Plant Ecology and Evolution, 144: 121-125.

Jung, K. & Threlfall, C. G. 2015. Urbanisation and its effects on bats-a global metaanalysis. In: Bats in the Anthropocene: Conservation of bats in a changing world, eds. C. C. Voight & T. Kingston, pp. 13-33. Springer, London.

Kemp, J., López-Baucells, A., Rocha, R., Wangensteen, O. S., Andriatafika, Z., Nair, A. & Cabeza, M. 2019. Bats as potential suppressors of multiple agricultural pests: A case study from Madagascar. Agriculture, Ecosystems and Environment, 269: 88- 96.

Kunz, T. H., de Torrez, E. B., Bauer, D., Lobova, T. & Fleming, T. H. 2011. Ecosystem services provided by bats. Annals of the New York Academy of Sciences, 223(1): 1-38.

Küper, W., Sommer, J. H., Lovett, J. C., Mutke, J., Linder, H. P., Beentje, H. J., Rompaey, R. S. A. R. V., Chatelain, C., Sosef, M. & Barthlott, W. 2004. Africa’s 44 hotspots of biodiversity redefined. Annals of the Missouri Botanical Garden, 91: 525-535.

López-Baucells, A., Rocha, R., Andriatafika, Z., Tojosoa, T., Kemp, J. & Forbes, K. M. & Cabeza, M. 2017. Roost selection by synanthropic bats in rural Madagascar: What makes non-traditional structures so tempting? Hystrix, 28(1): 28-35.

Lowry II, P. P., Phillipson, P. B., Andriamahefarivo, L., Schatz, G. E., Rajaonary, F. & Andriambololonera, S. 2018. Flore. In : Les aires protégées terrestres de Madagascar : Leur histoire, description et biote, eds. S. M. Goodman, M. J. Raherilalao & S. Wohlhauser, pp. 243-255. Association Vahatra, Antananarivo.

Puig-Montserrat, X., Torre, I., López-Baucells, A., Guerrieri, E., Monti, M. M., Rafols-Garcia, R., Ferrer, X., Gisbert, D. & Flaquer, C. 2015. Pest control service 45 provided by bats in Mediterranean rice paddies: Linking agroecosystems structure to ecological functions. Mammalian Biology, 80(3): 237-245.

Raheriarisena, M. 2005. Régime alimentaire de Pteropus rufus (Chiroptera : Pteropodidae) dans la région sub-aride du sud de Madagascar. Revue d’Ecologie (Terre et Vie), 60: 255-264.

Reiskind, M. H. & Wund, M. A. 2009. Experimental assessment of the impacts of Northern Long-Eared Bats on ovipositing Culex (Diptera: Culicidae) mosquitoes. Journal of Medical Entomology, 46(5): 1037-1044.

Russo, D. & Ancillotto, L. 2015. Sensitivity of bats to urbanization: A review. Mammalian Biology, 80(3): 205-212.

Safford, R. & Hawkins, F. 2013. The birds of Africa. The Malagasy Region, Volume VIII. Christopher Helm, London.

Taylor, P. J. 2000. The bats of southern Africa. University of Natal Press, Pietermaritzburg.

Vences, M. & Raselimanana, A. P. 2018. Systématiques des amphibiens malgaches (Amphibia : Anura). In : Les aires protégées terrestres de Madagascar : Leur histoire, description et biote, eds. S. M. Goodman, M. J. Raherilalao & S. Wohlhauser, pp. 243-255. Association Vahatra, Antananarivo. 49 Vences, M., Wollenberg, K. C., Vieites, D. R. & Lees, D. C. 2009. Madagascar as a model region of species diversification. Trends in Ecology and Evolution, 24: 456- 465.

« Cet article est protégé par les droits d’auteur; toute reproduction ou utilisation, totale ou partielle, sans autorisation préalable de l’auteur est strictement interdite. »